HAÏTI

Anciennement SAINT-DOMINGUE

 

La colonie française (1697-1803)

C'est Christophe Colomb qui aborde le premier les côtes d'Haïti le 6 décembre 1492. Il la baptise Española (déformé plus tard en Hispaniola, la petite Espagne). En 1496, la possession prend le nom de Nueva Isabela. En 1545, la partie occidentale de l'île n'intéresse plus les Espagnols car elle ne rapportait plus d'or. Après le massacre d'une grande partie des colons espagnoles par les Arawaks, l'île fut confié à des Dominicains et nommé Santo Domingo.

Au cours du XVIIème siècle, les Espagnols s'effacèrent peu à peu au profit des Français qui occupent la partie occidentale de l'île (aujourd'hui Haïti) mais conservèrent la partie orientale (aujourd'hui République Dominicaine). En 1649, Port-au-Prince est fondé. En 1697, les traités de Ryswick reconnurent à la France la possession de la partie occidentale, sans réellement en préciser la frontière. Les Français renommèrent leur colonie Saint-Domingue.

 

Colonie française de Saint-Domingue (1697-1803)

 

La colonie prospéra rapidement grâce aux nombreux esclaves travaillant dans la production de coton, canne à sucre et café.

Les révoltes esclaves se multiplièrent pendant la Révolution française avec comme point d'orgue, celle du 14 août 1791 dirigée par Toussaint Louverture. Elle entraîna l'abolition de l'esclavage en 1793. Toussaint Louverture se rallia au gouvernement français et fut nommé gouverneur de l'île. Pendant cette période trouble, le pouvoir fut donné au marquis de Caradeu qui en profita pour adopter son propre drapeau et ses propres règles.

 

Dictature du Marquis de Caradeu (1791-1798)

 

En 1795, la partie orientale de l'île fut abandonné par les Espagnols mais immédiatement occupé par les Britanniques en guerre contre la France. Toussaint Louverture fut chargé d'unir les deux parties. Le traité de Bâle (1795) entérina cette unification. En 1798, Toussaint Louverture se proclama gouverneur général de l'île réunifié.

Mais en 1802, Napoléon Bonaparte rétablit l'esclavage sur l'île et envoya un corps expéditionnaire pour rétablir la souveraineté de la France sur l'île. Emprisonné et exilé, Toussaint Louverture mourut en France en 1803. Le flambeau de la révolte fut repris par Jean-Jacques Dessalines et Henri Christophe, qui, à l'aide des Etats-Unis, de l'Espagne et des Britanniques, remportent une bataille décisif sur le corps expéditionnaire français en novembre 1803. Le 1er janvier 1804, les insurgés proclamèrent l'indépendance de la partie occidentale de l'île à laquelle Dessalines rendit son nom arawak, "Haïti".

Haïti est le plus ancien État indépendant du continent américain après les États-Unis, et la première république noire.

 

Empire d'Haïti (janvier - septembre 1804)

 

Le premier drapeau de la République d'Haïti. Selon la légende, le 18 mai 1803, Dessalines déchire le Tricolore français et jette la bande blanche. Sa filleule, Catherine Flon, coud les deux bandes restantes pour former le nouveau bicolore haïtien, adopté comme drapeau militaire. Ils y rajoutent la devise "Liberté ou la mort".

 

L'empire haïtien (1804-1806)

La jeune république fut déchirée très rapidement par des luttes intestines. En septembre 1804, Dessalines abolit la République et se proclame Empereur d'Haïti sous le nom de Jacques Ier le 08 octobre. Mais en 1806, il est assassiné.

Empire d'Haïti (septembre 1804 - 1806)

 

Date d'adoption : 1804

Le 20 mai 1805, l'empereur Jacques Ier remplace le bleu par le noir du drapeau haïtien.

 

La partition haïtienne (1807-1818)

La mort de Dessalines entraîna une guerre civile. Le 27 décembre 1806, le territoire se scinda en deux : au sud, une petite république dirigée par Alexandre Sabès (dit Pétion), un mulâtre, au nord et nord-ouest, une république menée par Henri Christophe (sous le nom d'Etat d'Haïti).

Etat d'Haïti (1806 - 1811)

 

Date d'adoption : 1804

Henri Christophe conserve le drapeau de Dessalines pour symboliser la république du nord et du nord-ouest d'Haïti.

 

République du sud d'Haïti (1806-1818)

 

Date d'adoption : 1806

Bleu et rouge sont repris du tricolore français et représentent l'union des noirs et des mulâtres.

 

Le 28 mars 1811, Christophe transforma sa république en un royaume, adoptant le nom d'Henri Ier. Il en profite pour adopter un nouveau drapeau.

Royaume d'Haïti (1811-1818)

 

Date d'adoption : 1811

Le 28 mars 1811, Henri Ier, ajoute au drapeau vertical rouge et noir un écu d'azur avec un phénix d'or sous cinq étoiles,  le tout surmonté d'une couronne et de l'inscription latine "ex cinerebus nascitu".

En 1814, le traité de Paris rattacha de nouveau la partie orientale à l'Espagne.

La réunification (1818-1844)

En 1818, Pétion meurt et peu de temps après, Henri Ier se suicide pendant un soulèvement. Pendant une période de deux ans assez trouble, Haïti se réunifie en 1820 sous la présidence d'un métis : Jean-Pierre Boyer.

 

République d'Haïti (1818-1849)

 

Date d'adoption : 1818

Bleu et rouge sont repris du tricolore français et représentent l'union des noirs et des mulâtres. La constitution de 1843 confirme l'utilisation de ce drapeau.

Pendant ce temps là, les Espagnols sont de nouveau chassés de la partie orientale qui proclame son indépendance en 1821 sous le nom de République Dominicaine. Mais l'année suivante, les haïtiens occupent la toute jeune république. L'île est de nouveau unifiée. En 1825, la France reconnaît officiellement l'indépendance de Haïti en échange d'une indemnité colossale.

Les révoltes rurales reprirent de plus belles. En 1843, Boyer, renversé, s'exila en France. En 1844, les Dominicains se soulevèrent contre Haïti et l'île fut de nouveau, et dès lors définitivement, coupée en deux entités distinctes.

Le retour de l'Empire (1849-1859)

En Haïti, pendant des décennies, les révoltes se succédèrent. En 1847, Faustin Soulouque est élu président de la République. Mais très vite, il transforma son pays en Empire et devint Faustin Ier. Despote, il s'appuya sur les puissance européennes (France, Espagne) et les Etats-Unis pour consolider sa dictature. Lors d'un énième soulèvement populaire, il dut fuir en 1859.

 

Empire d'Haïti (1849-1860)

 

Date d'adoption : 1849

Bleu et rouge sont repris du tricolore français et représentent l'union des noirs et des mulâtres.

 

Le protectorat américain (1915-1934)

Nicolas Fabre Geffrard rétablit la république en 1860 mais sans succès. Haïti devint l'un des états les plus pauvres du monde. L'assassinat du président Jean Vilbrun Guillaume allait fournir à Woodrow Wilson, président américain, un alibi humanitaire pour intervenir militairement à Haïti le 28 juillet 1915. Les marines débarquèrent et s'emparèrent de Port-au-Prince après avoir maté les manifestants.

République d'Haïti (1860-1964)

 

Date d'adoption : 1860

Bleu et rouge sont repris du tricolore français et représentent l'union des noirs et des mulâtres.

Le protectorat américain dura officiellement jusqu'en août 1934. Des présidents fantoches furent mis en place, tandis que le pays était réellement dirigé par des hauts-commissaires militaires américains.

Le duvaliérisme (1957-1984)

En 1957, le médecin François Duvalier (alias "Papa Doc") et dirigeant d'une importante secte vaudoue, prit le pouvoir. Le duvaliérisme fut marqué par la suppression de toute apparence démocratique dans la vie politique. Il mit en place sa garde personnelle (les fameux "Tontons Macoutes") qui furent régner le terreur dans l'île. En 1961, Papa Doc se fait réélire et fit proclamer trois ans plus tard une nouvelle constitution le désignant comme "président à vie". Les meurtres d'opposants politiques se multiplièrent et les métis furent persécutés (au nom de la négritude).

 

République d'Haïti (1964-1986)

 

Date d'adoption : 1962

Les armes sont composées d'un palmier surmonté par le bonnet phrygien de la liberté et orné de trophées (fusils, drapeaux, hachettes, canons, boulets de canon, trompettes, ancre, etc.). La devise signifie "L'union fait la force".

Cette dictature dura jusqu'en 1971, date de la mort de François Duval. Son fils Jean-Claude, âgé de 19 ans ("Bébé Doc"), lui succéda comme président à vie. Tout en exerçant la même dictature que son père, il tenta de donner une nouvelle image de son régime, afin de favoriser une reprise des investissements étrangers qui s'étaient littéralement effondrés. En vain. En masse, les Haïtiens continuaient de fuir le pays, le plus souvent au péril de leur vie, dans des embarcations de fortune.

En 1984, pour la première fois depuis le début de la dictature des Duvalier, des émeutes éclatèrent, et les populations des bidonvilles  pillèrent les entrepôts de nourriture entraînant le pays dans l'anarchie totale.

L'après duvaliérisme (1986-1984)

En novembre 1985, une manifestation de la jeunesse fut sauvagement réprimée. Au début de février 1986, de nouvelles émeutes agitèrent les principales villes du pays. Le 7 février, Jean-Claude Duvalier dut s'enfuir en France.

République d'Haïti (1986)

 

Date d'adoption : 25 février 1986

Bleu et rouge sont repris du tricolore français et représentent l'union des noirs et des mulâtres. Les armes sont composées d'un palmier surmonté par le bonnet phrygien de la liberté et orné de trophées (fusils, drapeaux, hachettes, canons, boulets de canon, trompettes, ancre, etc.). La devise signifie "L'union fait la force".

Depuis, les présidents, les dictateurs, se succèdent et ne parviennent pas à améliorer les conditions économiques et sociales de l'un des pays les plus pauvres du monde.

 

Fiche technique

Capitale Port-au-Prince
Population 6 600 000 hab. (haïtiens)
Superficie 27 750 km²
Densité de population 233,9 hab./km²
Religion principale catholicisme (80%)
Religion secondaire protestantisme (13%)
Langue officielle français
Langue principale créole français (99%)
Monnaie gourde
Date d'indépendance 1804
Date d'entrée à l'ONU 1945